Déviance olfactive sur des eaux minérales

Publié par : Jennifer GOUJON, le 18/05/2015 , modifié le 10/05/2019
Catégorie : Nos prestations | Nos actualités |

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Besoin de vacances ?

Alors imaginez vous dans un endroit calme, paisible, sous les cocotiers, en bord de mer avec comme seul bruit les vagues s’échouant sur les rochers et le chant des oiseaux (pourquoi pas ? Tant qu’à faire imaginons nous sous les tropiques!). Le barman vous a préparé un petit sirop de mangue, fruit de la passion, coco… à votre guise (autant jouer le jeu des tropiques jusqu’au bout).sailor-hat

Vous salivez rien qu’en entendant les pas du serveur se rapprocher de vous pour vous porter votre breuvage. Haaa qu’il est bon de se détendre, mais attendez une petite minute, quelle est cette odeur nauséabonde qui vient vous piquer l’épithélium olfactif ?!

Aïe cela semble provenir du sirop! Que se passe-t-il ? Après réclamation vous comprenez que cette odeur vient de l’eau minérale utilisée pour le sirop!

Immédiatement vous dégainez votre téléphone et composez le numéro de Polymex!

« Qu’y a-t-il dans cette eau mal odorante? »

Aussitôt nous décidons de mener l’enquête et de trouver le coupable !

Cette eau provenait de bouteille en plastique, y a-t-il eu des échanges de composés organiques entre le plastique et l’eau? Y aurait-il une contamination métallique? Une bactérie s’est elle malencontreusement glissée dans la bouteille?

Pour répondre à ces questions nous avons réalisé plusieurs analyses:

– Une extraction liquide-liquide (pour extraire de notre eau minérale les éventuels contaminants organiques) suivie d’une analyse par GCMS.

– Une analyse par ICPMS pour recherche la présence de contaminants métalliques

– Une analyse bactériologique (réalisée par un de nos partenaire) dans laquelle nous avons recherché la présence de:

  • Boites de Petri
  • bactéries aérobies
  • bactéries anaérobies
  • sulfito-réducteurs
  • moisissures/levures

Après réalisation de ces analyses, aucun contaminant qu’il soit de nature chimique ou biologique n’a été trouvé.

Cependant il se peut que les composés soient très volatils et que lors de l’analyse en GCMS, ils sortent en même temps que notre solvant. Nous avons donc décidé de changer de colonne et d’en utiliser une spécifique aux matrices aqueuses.

Cette analyse ne nous à pas permise de trouver la solution à notre problème.

Cependant une de nos ingénieure à eu une idée de génie: isoler l’eau dans un bécher pour voir si l’odeur provient de la bouteille ou de l’eau elle même. Et figurez vous que quelques minutes plus tard, l’eau au départ odorante, isolée dans un bécher à l’air libre (sur une paillasse) n’avait plus d’odeur.

Haha, nous sommes proches de la résolution de notre enquête, il devrait surement s’agir d’un composé ultra-volatil qui n’a pas pu être visible lors de l’analyse GCMS (composé sortant très rapidement donc en même temps que le solvant organique dans lequel nous avons réalisé l’extraction liquide-liquide).

Pour analyser les composés ultra-volatils, l’analyse par Head Space (HS/GC) dynamique est la plus adaptée.

Comment fonctionne cette technique?

Le principe est le même que pour une GC conventionnelle, c’est à dire que les composés sont séparés en fonction de leurs volatilité par une colonne chromatographique et à l’aide d’un gaz vecteur (ou gaz inerte). Là où les techniques diffèrent c’est pour leur méthodes d’échantillonnage et d’injection.

  • En effet en GC traditionnelle, les matrice aqueuses sont difficiles à analyser telles-qu’elles et très souvent il faut faire au préalable une extraction par solvant organique. L’échantillon extrait est ensuite injecté sous forme liquide dans la chambre d’injection sous haute température, puis volatilisé par la chaleur et va ensuite passer dans la colonne.
  • En HS-GC il n’y à pas de préparation d’échantillon, il est directement introduit dans un vial qui est lui même chauffé pour permettre aux composés ultra-volatils de se vaporiser et de se retrouver dans la partie supérieur du vial (au départ le vial est rempli de moitié pour « laisser de la place » à une phase vapeur qui va être composé de tous les éléments volatils contenusdans l’échantillon). Une seringue va prélever la partie supérieure (phase vapeur) et collecter sur un support adapté les composés contenus par la phase vapeur (étape de pré-concentration mode « dynamique » car bien souvent les composés sont à l’état de trace voir ultra-trace). Le gaz vecteur va ensuite passer dans ce support pour entraîner les molécules piégées, puis va continuer dans la colonne chromatographique comme en GC traditionnelle.

Suite à toutes ces analyses, notre équipe a pu retrouver la trace du coupable !

Sacrée pollution organique qui a eu le culot d’essayer de gâcher vos vacances !


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